Ouf diront certains, les Jeux sont terminés. « On a fait ce que l’on a pu », ou encore « on a fait notre boulot ». D’autres crieront: « on a gagné ! ». OK, mais demain ? Faire en sorte que les jeunes sportifs de la zone « Océan Indien » se rencontrent est forcément une bonne chose. L’isolement des îles, des déplacements difficiles, le manque de compétitions internationales suffisent à justifier l’existence de rencontres sportives tous les quatre ans. Mais cette situation ne doit pas pour autant faire passer au second plan certaines réalités qui, si elles ne sont pas prises en considération, freineront ou feront disparaître ce type d’événement. A partir de là, voici quelques points de repère qu’il faudra inéluctablement prendre en compte pour préparer au mieux l’avenir de ces Jeux :
1°/ Politiquement, les Comores revendiqueront toujours l’île de Mayotte en ayant le soutien de l’Union Africaine et donc des Seychelles, de Madagascar et de Maurice.
2°/ Dans la foulée de ces Jeux, comme pour Mayotte, Rodrigues va commencer à frapper à la porte pour pouvoir participer pleinement en tant qu’île. Les jeux de la CJSOI sont d’ores et déjà en point de mire.
3°/ Sur le plan socio-économique, il existe un décalage parfois énorme entre les différentes îles entraînant pour certaines disciplines sportives un manque total d’infrastructures sportives, l’absence d’équipements ou de matériels sophistiqués suivant les sports, un nombre restreint de cadres compétents pour détecter, former, préparer la jeune élite locale.
4°/ L’Océan Indien se veut une zone pleinement touristique du monde, eu égard à sa géographie, ses plages, son climat et seules deux îles profitent vraiment de la donne.
Ce simple constat devrait amener les décideurs, responsables de la mise en œuvre d’une telle manifestation, à réfléchir sur l’avenir de ces Jeux, non pas en cherchant à copier les Jeux Olympiques et en voulant tirer la couverture à soi, mais en regardant de près la spécificité de chaque île tout en se projetant sur ce que pourrait être ce genre d’opération au service de la jeunesse de nos îles, en relation avec la coopération régionale sur le plan sportif, mais aussi sur le plan économique, touristique et culturel. Cette vision supposerait alors de remettre en question ses propres à priori quant à la pratique sportive d’aujourd’hui et d’oser ainsi s’aventurer sur un terrain diplomatico-imaginaire pour que demain, chaque île y trouve son compte.Ayant eu l’occasion de travailler sur le plan sportif aux Seychelles, à Maurice, à Madagascar, aux Comores, à Rodrigues et à la Réunion, ayant vécu de près les Jeux Olympiques, les Jeux de la Francophonie, les Jeux des Iles, il serait sage que toutes les expertises présentes dans la zone puissent s’exprimer, faire des propositions afin d’éviter demain d’autres « couacs » (voire la disparition de ces Jeux) et d’asseoir plutôt dans un avenir proche une stratégie originale propre à notre région indiaocéanique, pour valoriser concrètement notre potentiel en général et notre jeunesse en particulier.
Frédéric Rubio / expert sportif