Depuis la retraite de Lennox Lewis (champion olympique en 1988 puis trois fois champion du monde poids lourds chez les professionnels entre 1992 et 2004), la catégorie « reine » se cherche un chef de file.
Parmi les meilleurs, on trouve les « champions de l’alphabet » :
Chris Byrd (1m83, poids moyen chez les amateurs, mais entre 95 et 98 kg ces dernières années) est le champion poids lourds pour l’IBF (depuis 2002) après l’avoir été en 2000 pour la WBO. Prochain combat contre DaVarryl Williamson le 1er octobre 2005.
John Ruiz (1m88, entre 101 et 109 kg depuis qu’il évolue au niveau mondial) est toujours champion WBA au bénéfice d’une décision des juges (en sa défaveur) transformée en « no contest » depuis que son vainqueur James Toney a été contrôlé positif à une substance interdite. Rappelons que ce James Toney avait été champion à 72 kg (poids moyens), 76 kg (super-moyen), 86 kg (lourds-légers) avant de se présenter à 105 kg face à Ruiz.
Hasim Rahman (1m89, 107 kg) vient de remporter le titre WBC par interim contre Monte Barret le 13 août 2005, faute de pouvoir rencontrer le tenant Vitali Klitschko (blessé).
Vitali Klitschko (2m02, 111 kg) est toujours champion WBC mais n’a plus boxé depuis décembre dernier. L’arrêt sur blessure, alors qu’il dominait aux points contre Lennox Lewis, reste encore dans les mémoires et aurait du faire de lui le légitime successeur du britannique. Cependant, l’ukrainien tarde à convaincre. Seule une unification pourrait calmer les critiques.
James Toney (1m75, ex-champion du monde des poids moyens, pesé à 105 kg lors de son dernier combat titre WBA des poids lourds en jeu) doit repartir à zéro après que sa nette victoire aux points ait été changée en « no contest ».
Lamon Brewster (1m85, 101 à 103 kg) est le champion WBO.
Ensuite, viennent de sérieux challengers tels que le champion d’Europe Luan Krasniqi et les deux hommes qui vont s’affronter dans quelques jours :
A l’occasion d’une demi-finale mondiale (IBF & WBO), le puncheur invaincu Samuel Peter affronte un Wladimir Klitschko en quête de confiance. Il s’agit autant d’une opposition de style que d’une belle affiche de poids lourds, comme on les aime.
Si l’on soupèse l’ensemble des combats de poids lourds de l’année, ceux passés et ceux à venir, il semble bien que ce Peter-W.Klitschko soit le plus prometteur, et de loin. Tous les ingrédients sont là : un puncheur invaincu plein de confiance, voire de prétention, un technicien (qui frappe tout de même pas mal, merci) qui tente de revenir au sommet après deux récentes déconvenues, et nous voilà partis pour une belle opposition de style comme la boxe sait parfois nous en offrir.
Présenté comme l’étoile montante de la catégorie, le Nigérian n’a jamais connu ni le doute ni la défaite. Il se présente pourtant avec un palmarès légèrement en trompe l’œil puisque ses 24 victoires (dont 21 KO) ont été obtenues face à des hommes de réputation limitée.
Emmanuel Steward, qui entraîne Klitschko, y voit d’ailleurs la faiblesse de l’Africain : "Peter va s’apercevoir qu’il n’a pas sa place. Wladimir n’est pas un autre combattant de 3ème catégorie. Il (Peter) s’est essayé aux boxeurs de 2ème catégorie comme Pudar ou Shufords et a eu du mal avec eux. C’est pourquoi il est retourné ensuite contre des types de 3ème zone…", a déclaré le légendaire entraîneur, persuadé que l’Ukrainien abrégera les débats.
Il est vrai que Peter n’a pas l’équivalent d’un Botha, Mc Line, Moli, Williamson, Barrett, ou Chris Byrd, qui font partie des anciennes victimes de Wladimir, à son palmarès. Pour le Nigérian, il s’agit de franchir un, voire deux paliers d’un coup. En sera-t-il capable ?
Vu son handicap de taille et l’excellente technique de son adversaire, il n’a pas vraiment le choix et devra impérativement bousculer l’Ukrainien, raccourcir la distance et tenter de placer son punch. Car depuis l’inexplicable effondrement de Wladimir devant Lamon Brewster (TKO 5), en avril 2004, le mental du cadet des Klitschko est sujet à caution.
S’il a été drogué ce jour là, comme il le prétend, et qu’il est parvenu à chasser le doute lors de ses deux victoires ultérieures face à Williamson et Castillo, alors, Peter peut s’attendre à encaisser des jabs usants tels qu’ils n’en a probablement jamais vu jusqu’à présent. En revanche, si l’effondrement devant Brewster était le fruit d’une panne psychologique liée à la résistance de l’opposition, Peter a une bonne chance de faire triompher sa confiance en béton.
Dans un cas comme dans l’autre, les débats risquent fort de ne pas durer jusqu’au douzième round. Sans vouloir donner de pronostic précis, les amateurs de foot auront remarqué que l’Ukraine vient de se qualifier pour la première fois pour une Coupe du Monde, alors que le Nigeria est en difficulté dans son groupe de qualification. Est-ce un signe ?
Paul Gibersztajn, le 18 Septembre 2005