Fedor Emelianenko qui participait le 21 et le 23 octobre dernier au championnat international de sambo a de nouveau remporté la compétition !
Sa dernière participation datait de 2002.
Article du St Petersburg Times sur Fedor
Mercredi 12 octobre 2005, St. Petersburg Times Un combattant de MMA gagne gloire et fortune dans les cages du Japon
Par Iouri Humber, Reporter au St Petersburg Times
Il est l’un des sportifs les plus connus au Japon. Les fans veulent savoir les moindres détails sur sa vie, son régime, son entraînement et comment il a rencontré sa femme. Pour quelques millions, il est devenu un samourai des temps modernes : force, loyauté, entraînement, humilité.
Fedor Emelianenko, 29 ans, a commencé le MMA au Pride, l’organisation de combat libre la plus populaire du Japon, il y a deux ans. Il est devenu champion le 16 mars 2003. On le surnomme « The Last Emperor » depuis qu’il combat sur le ring. Paradoxalement, il est peu connu dans son pays natal. Il se dit natif de Stary Oskol, une ville de 200 000 habitants dans le centre de la Russie. Seuls quelques uns l’arrêtent pour lui demander de lui serrer la main.
Au tournoi du Pride, où les nez cassés sur le ring sont aussi courants que les popcorn dans les stands, le nom de Emelianenko peut garantir 50000 spectateurs dans le Tokyo Dome. L’entrée coûte de 65 dollars à 900 dollars pour les places VIP. Le premier ministre du Japon Junichiro Koizumi est lui-même fan de cet évènement. Et même les jeunes businessmen du pays s’empressent à la sortie afin d’obtenir un autographe à Fedor.
Quand Emelianenko se promène sur la Newski Prospekt, il peut être calme. Ce combattant de 1m83 et 106 kilos, toujours vêtu de son T-shirt de marin, a plus de chance de se faire accoster à Stary Oskol qu’à Saint Petersbourg.
“je ne pense pas à ça” déclare Fedor Emelianenko. « Ma vie est ainsi plus facile »
Après tout, son début de carrière dans les arènes de combattant n’était pas motivé par la recherche de la gloire, dit-il. Sa motivation était plus basique.
“j’avais des problèmes financiers. J’étais dans l’équipe nationale de Russie de Sambo et de judo. Mais nous avons dû subir de sérieuses restrictions budgétaires ; le sport professionnel rapporte peu”
Des années d’entraînement en sambo et judo, du cross country, et des tonnes d’exercices d’entraînement durant son service militaire obligatoire de deux ans, ont modelé Fedor Emelianenko en athlète de niveau international, vainqueur du championnat européen de sambo de 1997, et médaille de bronze à trois championnats internationaux de judo en 1999.
“J’ai commencé mes premières compétition à la sortie du service militaire”. En deux ans, il obtient le Master of Sport spécialité Judo et Sambo, un art martial russe dérivé justement du judo.
“Mais après trois ans de compétitions au top niveau, les revenus financiers étaient faibles. J’ai donc dû chercher ailleurs ».
Il faut dire que Emelianenko avait une raison d’être motivé. En 1999, cet athlète se marie avec Oksana, et quelque temps plus tard, il est devenu papa d’une petite fille. L’histoire de sa rencontre avec sa femme dans un camp de jeunes pionniers où elle officiait en tant qu’éducatrice et lui en tant que moniteur de sport est pour beaucoup dans sa popularité au Japon.
“L’image d’un athlète père de famille dénote totalement avec celle du businessman qui travaille énormémement, rentre à des heures tardives avec ses clients, délaisse sa femme et ses enfants Cela a captivé l’audience japonaise. » nous déclare Iekatérina Korsakova, représentante russe de Dream Stage Entertainment, ou DES, la compagnie qui organise le Pride depuis 1997.
“Les spectateurs japonais voient Fedor, et imagine le chemin émotionnel des combattants du Pride, cela les fascine”
“Ce n’est pas simple. L’image du combattant joue un rôle vital dans sa carrière, grâce à l’audience qu’il apporte. Donc, ce qui se passe sur le ring est un mélange de haute technique, de multimédias, d’émotions et de combat. La dernière partie est évidemment la plus importante. Regardez le sang qui y coule. » déclare Korsakova, qui nous montre l’un des magazines officiels de DSE faisant la promotion du dernier Pride.
Contrairement à l’image barbare et populaire qui en découle, le Pride affirme que leur tournoi obéit à des règles strictes : « Tentez d’approcher le plus la réalité, en préservant la santé pour faire un sport honorable » dit DSE sur son site officiel. »
Ce tournoi, le plus populaire parmi toutes les compétitions du genre au Japon, propose des combattants de tous les continents, pratiquant des styles varié allant du jujitsu à la lutte dans un sport qui se veut ultime/
Ces combattants comme Rulon Gardner, champion olympique de lutte Greco Romaine, ou Wanderlei Silva, champion brézilien de boxe thaïlandaise tente pendant trois rounds, l’un de dix minutes, et deux de cinq, de gagner soit par une soumission, soit par un KO, soit par une décision des juges.
Les règles du Pride autorisent les coups de poing, les coups de pieds, les projections, les soumissions, et les étranglements. Les coups interdits sont les coups de tête, les piques dans le yeux, les morsures, les coups dans les parties génitales, les coups de coude, tirer les cheveux ou encore taper derrière la tête. En pratique, Emelianenko nous avoue que les règles subissent parfois des dérogations. Après une pause, il avoue même que cela arrive assez souvent.
Pour les combattants de sports olympiques traditionnels, dans lesquels les mouvements sont très contrôlés sous peine de disqualification, le plus grand challenge est de s’habituer à cette liberté. « Venir au combat libre signifie recommencer de zero, apprendre encore une fois des attaque et comment se délivrer » selon Emelianenko.
En 2000, après avoir gagné un championnat de Judo à Tula, et où des officiels japonais le remarquèrent, Emelianenko fut invité à participer à un tournoi de combat libre à Tokyo, appelé la Rings, déjà mangé par DSE à l’époque. La Rings proposait aux jeunes combattants sans expérience de débuter et se tester dans un tournoi où l’on pouvait « frapper l’adversaire à la tête ».
Pour ce tournoi, le champion du Sambo dût apprendre de nouvelles techniques. « J’ai commencé la boxe, qui était une discipline totalement inconnue pour moins. Pour un lutteur, c’est dur à accepter. Toute ma vie, j’ai appris à lutter avec des opposants, et maintenant je devais travailler mes poings » déclare Emelianenko d’un air monotone.
Quand Fedor arriva à son premier macth au Japon en Mai 2000, après des mois d’entraînement, il termina son combat en à peine 12 secondes. Le combat s’est résumé à quelques combinaisons sanglantes.
"Quand je suis arrivé sur le ring, j’ai senti que mon adversaire était plus mauvais que moi. Il bougeait lentement, gardait ses mains sur sa ceinture de karate. Je suis directement venu à lui et l’ai mis KO. "
Emelianenko gagne ainsi la couronne de la RINGS en 2001 et est invité à venir combattre dans la classe senior du Pride. En à peine cinq ans, le champion russe gagne 22 combats, en perd 1, et 1 NO « no contest », lorsque le match est arrêté sur coupure accidentelle.
Emelianenko avait gagné deux matchs avant d’avoir le doigt cassé durant le match NC. « Je pensais avoir seulement une foulure et je ne suis pas allé voir les docteurs de l’organisation ». Les combattants du Pride ne portent pas de gants comme en boxe, mais juste des mitaines légères pour renforcer l’impact de leurs coups. Coupures et nez cassés sont courants.
Ces quatre dernières années, Emelianenko s’est entraîné en boxe thailandaise, en kickboxing et boxe anglaise. Peu importe, sur sa carte de présentation, il est écrit : « Judo et Sambo »
“Beaucoup de choses que j’ai apprises en sambo et en judo me sont restées, particulièrement les projections. Les techniques ont juste été adaptées. Ce qui est sûr est que le MMA n’est pas une bagarre de rue. Les combattants sont des spécialistes dans leur style et excellent dans leur art. "
Le champion récuse les accusations selon lesquelles le MMA encourage à la violence et aux bagarres de rue. Un tournoi de MMA voit s’opposer deux combattants professionnel l’un contre l’autre. Les spectateurs savent que ces derniers ont des années d’entraînement derrière eux. Ils essaient de mettre l’adversaire hors de jeu, développent leur style, leur image, leur spécialité.
“Au Japon, vous pouvez voir des fans emmener leur enfant de deux ou trois ans au Pride. Ce sport inspire beaucoup de respect ".
Vadim Finkelstein, entrepreneur basé à Saint Petersbourg et manager de Fedor, raconte que Emelianenko a apporté une énorme notoriété au sambo à travers le monde.
“Avant Fedor, qui avait porté les couleurs du sambo avec autant de succès ? Tout le monde pensait que le jujistsu était l’art martial le plus efficace car les Bréziliens l’utilisait. Le sambo a gagné ses lettres de noblesse."
Emelianenko n’a pas abandonné pour autant son style. Il a pour ambition de participer au championnat mondial de Sambo à Prague ce mois-ci, même si il se peut que ce soit sa dernière apparition en tant qu’amateur.
“Mon activité au Pride me prend énormément de temps et d’énergie.” C’est pourquoi le champion a peu de possibilité de participer à des tournois de MMA et de sambo dans son pays
“C’est dur pour les combattants de russe d’acquérir un statut professionnel comme au Pride pour le moment, c’est pourquoi Fedor est d’autant plus méritant” dit Finkelstein. " La plupart des combattants sont dispersés à travers le pays et n’ont accès qu’à de petites salles et rares sont les entraînement "
Seulement deux équipes professionnelles opèrent en Russie : la Red Devil basée à Saint Petersbourg, où officie fedor et dont Finkelstein est le manager, et la Russia Top Team qui se trouve à Moscou. Quelques clubs regroupent trente combattants ou plus, mais peu pratiquent les règles standards des tournois, déclare Korsakova.
Le succès des joueurs de tennis russe a un peu terni la popularité du sport à la maison ou celui des sports de combat, à part peu être la boxe.
"Le problème est la télévision russe" dit Fedor. " Les médias ne sont pas aussi développés qu’au Japon. Là bas, les fans sont très friands de tout. Ils veulent tout savoir sur leurs idoles. Ils s’informent partout que ce soit à la télé, dans les journaux ou sur internet. "
"Si en Russie, le nouvel an voit son lot de séries glamour, de concerts, d’émissions de variété, au Japon, la majorité des chaînes diffusent des tournois d’arts martiaux ".
Korsokova note que la peu d’exportation des tournois MMA du Japon vers l’Europe et les Etats Unis est dû en partie au peu de risques que veulent prendre les entreprises dans ce nouveau marché.
“Avec le coût d’organisation d’un Pride, l’audience doit être maximum. Et bien sûr, notre compagnie réalise qu’il n’est pas possible pour le moment de compter sur la venue de 50000 fans, si tenté qu’il existe autant de fans. "
Peu importe, ce sport est accessible aux Etats Unis, à travers le cable TV, dans 11 pays européens, dans 20 pays d’Afrique et bien sûr en Nouvelle Zélande et dans les pays du sud de l’Asie.
De récentes négociations ont permis de diffuser sur Eurosport un tournoi organisé par le Pride, et qui se tiendra le 4 octobre à Saint Petersbourg, et en Novembre en Hollande.
“Eurosport a tout de même exigé que le tournoi se passe sur un ring et non dans une cage. Pour eux, un ring est synonyme de sport, et non la cage. " dit Finkelstein "Cela nous arrange car nous ne pratiquons jamais en cage "
Pour Emelianenko, rejoint depuis quelques temps par Alexander (le plus vieux de ses jeunes frères) au Pride, son ambition est de continuer de combattre tout en ayant une meilleure stabilité financière qu’à ses débuts. Au Japon, les droits d’image TV et les dérivés marketting permettent aux combattants de tirer des profits substanciel.
“Si les gens me connaissent, ils voudront voir mes productions supportant mon nom. Pour le moment, Fedor a juste commencer à promouvoir son image "
“J’ai toujours rêvé de devenir un sportif professionnel” dit Emelianenko “Aujourd’hui, je suis devenu ce que je voulais, et cela paie”.