Au début des « Arts Martiaux Mixtes », dans les tournois des Ultimate Fighting Championships, il n’existait pas de catégories de poids et chaque combattant ne maîtrisait qu’une seule discipline.
Rapidement, un terrible écrémage eut lieu parmi les dizaines et même centaines de disciplines qui venaient (essayer de) démontrer leur efficacité. Celles qui fonctionnaient réellement se comptèrent sur les doigts d’une main. Et chacune était associée à un gabarit type.
En haut de l’échelle, on trouvait les lutteurs américains : des colosses de 110 kg et plus tels que Dan Severn, Mark Kerr ou Mark Coleman. Puis quelques kick-boxeurs entre 95 et 100 kg tels que Marco Ruas, Maurice Smith ou Bas Rutten. Oscillant autour de 90 kg, venaient ensuite les « kings of pancrase » (d’une discipline hybride inventée au début des années 1990, basée sur le Catch) : ceux du Lion’s Den menés par Ken Shamrock, aux Etats-Unis, et ceux du PANCRASEism menés par Masakatsu Funaki, au Japon. Enfin, mais non des moindres : les experts de Jiu-Jitsu Brésilien, pesant entre 75 et 85 kg, tels que Royce Gracie, Rickson Gracie ou Renzo Gracie.
Avec les années, des catégories de poids se sont progressivement imposées (« lourds », « moins de 93 kg », « moins de 84 kg », « moins de 77 kg », etc) et les combattants sont devenus complets :
-capables de combattre à distance pieds-poings (Muay Thaï, Boxe Anglaise, etc)
-capables de projeter (Lutte Libre, Lutte Gréco-Romaine, Judo, etc)
-et capable de soumettre leurs adversaires au sol (Jiu-Jitsu Brésilien, Sambo, etc).
Le panorama des « Arts Martiaux Mixtes » a forcément évolué.
Chez les « poids lourds », alors qu’on aurait pu s’attendre à retrouver les énormes lutteurs américains, ce sont de nouveaux venus qui se sont imposés : les samboïstes russes tels que Fedor Emelianenko, Serguei Kharitonov et Andrei Arlovski.
Entre 90 et 100 kg, la puissance des kick-boxeurs a trouvé domicile dans la catégorie des « moins de 93 kg » avec des champions tels que Wanderlei Silva, Chuck Liddell et Mauricio « Shogun » Rua … mais au-delà, malheur à ceux qui se sont essayés chez les lourds (tels que Pedro Rizzo ou Mirko « Cro-Cop » Filipovic).
Les « kings of Pancrase » eux aussi ont vu leurs ambitions brisées sur ces deux catégories (Yuki Kondo, Semmy Schilt, Josh Barnett, …).
Au dessous, on aurait dû retrouver les experts de Jiu-jitsu Brésilien mais ce sont leurs rivaux de toujours, les lutteurs américains, qui s’imposent aujourd’hui sur les catégories « moins de 84 kg » et « moins de 77 kg » ; respectivement : Dan Henderson et Matt Hughes. Les vétérans sud-américains ont bien tenté un baroud d’honneur mais Murilo Bustamante a été battu deux fois par Dan Henderson et Royce Gracie ne part pas du tout favori pour son prochain combat contre Matt Hughes.
Finalement, l’éclosion de nouvelles catégories a profité aux Japonais. Chez les « moins de 70 kg » et « moins de 65 kg », deux champions issus du Shooto (une autre discipline hybride, comme le Pancrase) se sont imposés balayant les rois brésiliens icontestés de Luta Libre (Alexandre « Pequeno » Nogueira) ou du JJB (Royler Gracie) : Takanori Gomi (vainqueur du Pride Bushido) et Norifumi « Kid » Yamamoto (vainqueur du Heros).
Pour se résumer, la domination des lutteurs a évolué, passant des 110 kg à la tranche 77-84 kg. Les spécialistes japonais de sports hybrides sont passés du Pancrase au Shooto. Les kick-boxeurs se sont emparés de la catégorie « moins de 93 kg ». Les samboïstes russes ont tout raflé chez les poids lourds … Et les grands perdants sont donc : les jiu-jitsukas brésiliens ! D’où le titre « Evoluer ou disparaître ».
Mais comme rien n’est définitif (sauf la mort, bien sûr), qui sait si 2006 ne sera pas l’année du renouveau pour le JJB ? En effet, pour la première fois depuis six années, le Pride va nous organiser un Grand Prix « openweight », c’est-à-dire « toutes catégories » ! Et comme un bonheur ne vient jamais seul, le champion « poids lourds » quasiment imbattable des ces dernières années(Fedor Emelianenko) ne pourra pas participer.
De là à voir l’opportunité pour les experts du sol de revenir au sommet, il n’y a qu’un (petit) pas ! Et si la Brazilian Top Team alignait les jumeaux Rodrigo et Rogerio Nogueira ? Ou encore le musculeux et arrogant Ricardo Arona ? Tant qu’on est dans les « toutes catégories », pourquoi pas le prodigieux BJ Penn ? Sans oublier les poids lourds Fabrizio Werdum, Marcio Cruz « Pe de Pano », etc.