La France, avec sa médaille de bronze chez les messieurs (et sa médaille d'or chez les dames) retrouve sa place parmi l'élite aux côtés de l'incontournable Japon et de son rival asiatique : la Corée. Mais les puissances émergeantes qui ne cessent de progresser sont les nations issues de l'ancien Union Soviétique : l'Ukraine qui bute sur la France pour l'obtention de la médaille de bronze, la Russie qui obtient la médaille d'argent et la Géorgie qui obtient la médaille d'or chez les messieurs.

Que le Japon (inventeur du Judo) et la Corée (son plus proche voisin) soient parmi l'élite n'est pas surprenant.

La France, elle, a depuis longtemps tourné le dos à la "lutte française", pourtant devenue sport olympique sous le nom de "lutte gréco-romaine" (selon la volonté du Baron Pierre de Coubertin), pour s'engager dans une histoire d'amour avec l'art martial nippon de Jigoro Kano.

Les peuples Slaves (Russie, Biélorussie, Ukraine) sont connus pour exceller dans tous les sports de préhension et trustent même les victoires dans les luttes olympiques "gréco-romaine" et "libre".

Mais les Géorgiens eux aussi ont une histoire, une tradition de sports de préhension. "Il n'y a pas de Géorgien qui ne soit un lutteur", déclara le champion d'Europe Konstantin Koberidze. Le riche arsenal de la lutte traditionnelle géorgienne (la Tchidaoba ou Kourtouli-tchidaoba) a servi d'inspiration pour certaines prises appliquées dans la lutte libre, le sambo et le judo. (dixit Raïko Petrov). Les lutteurs sont vêtus d'un gilet spécial sans manches (tchoha) attaché par une ceinture souple en laine. La lutte se fait uniquement debout sans prises de jambes. Pour remporter la victoire, il faut projeter l'adversaire sur le dos.   

Les hommes de l'Est n'ont pas fini de nous étonner !

Le judo français par équipe se replace dans l'élite mondiale
LE MONDE | 18.09.06 | 15h41  •  Mis à jour le 18.09.06 | 15h41

Contrat rempli. Les équipes de France de judo ont atteint leur objectif de deux médailles rapportées des Championnats du monde des nations qui se sont tenus, samedi 16 et dimanche 17 septembre à Paris. Les Françaises ont emporté le titre mondial de très belle manière, en battant en finale les Cubaines. De leur côté, les judokas français ont pris la troisième place avec les Coréens, derrière les Géorgiens, devenus champions du monde en battant en finale les Russes.

Le judo a beau être un sport individuel, l'alchimie particulière d'une compétition par équipe ajoute à la motivation, et au plaisir des athlètes. Les Françaises l'ont montré tout au long de leur 
journée de combats, samedi. Troisièmes aux championnats du monde par équipe en 1997, deuxièmes en 1998, et seulement cinquièmes en 2002, elles ont exploité à la fois leurs qualités individuelles et la très bonne ambiance qui règne dans leur groupe. Cela leur a notamment 
permis de battre les Japonaises, tenantes du titre, en demi-finale 4 victoires à 2 (et un nul). En finale, elles se sont imposées face aux Cubaines sur le score net de 4 victoires à 0. Frédérique Jossinet (- 48 kg), Audrey La Rizza (- 52 kg), de retour après une opération du genou, et Lucie Decosse avaient lancé leur équipe en remportant leur combat. Portée par l'enthousiasme du camp français, Anne Morlot (- 70 kg) a su livrer un combat courageux et efficace tactiquement pour donner le point de la victoire à la France.

Dimanche, les Japonais, favoris de la compétition, se trouvèrent sur la route des Français dès les 8es de finale. Ils alignaient une équipe faite de jeunes athlètes prometteurs et de judokas confirmés qui fut prise à la gorge par les Français. Cyril Soyer (- 60 kg), Benjamin Darbelet (- 60 kg) puis Daniel Fernandes (- 73 kg) s'imposaient, et c'est Frédéric Demontfaucon (- 90 kg) qui inscrivait le point décisif (4-2).

PARI TACTIQUE

"Le Japon garde une aura particulière et c'est toujours un plaisir de le battre", souriait, au bord du tatami, Brigitte Deydier, la directrice technique nationale. En demi-finale en revanche, les 
Français n'ont pu se défaire des Russes (3 victoires à 4), malgré un pari tactique basé sur la mobilité des joueurs plutôt que sur la puissance.

Ces résultats sont un motif de satisfaction pour les entraîneurs français, Christophe Brunet, pour l'équipe féminine, et Patrick Rosso, pour l'équipe masculine, arrivés il y a un peu plus d'un an à 
la suite de la profonde réorganisation de l'encadrement du haut niveau français initiée par le président de la Fédération française, Jean-Luc Rougé.

A deux ans des Jeux olympiques de Pékin, la mission de Christophe Brunet est d'enrichir le groupe de nouvelles judokas à côté d'athlètes confirmées comme Frédérique Jossinet, Anne-Sophie Mondière ou Céline Lebrun, tout en maintenant la dynamique de succès enclenchée par les performances individuelles, notamment au Caire à l'automne 2005 et aux championnats d'Europe 2006.

La troisième place des hommes permet de relancer des athlètes en mal de performance depuis le raté des Jeux d'Athènes. "Cette médaille fait du bien au groupe, souligne Patrick Rosso. Après deux ans de défaites, ils ont prouvé qu'il fallait aussi compter sur eux au plus haut niveau. Cela devrait aussi redonner confiance à chacun individuellement, parce que pour battre le Japon, par exemple, ils ont battu un champion olympique pour l'un, ou un champion du monde pour l'autre." Les championnats du monde individuels de Rio (Brésil) en septembre 2007 constituent désormais la principale échéance avant les JO de Pékin.

Bertrand d'Armagnac
Article paru dans l'édition du 19.09.06
REUTERS/PHILIPPE WOJAZER

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