Riner: "J'ai encore envie"
Tout juste auréolé d'une troisième couronne mondiale, Teddy Riner savoure. A 20 ans, il a déjà presque tout gagné et fait figure de référence dans la catégorie reine. Le Français ne veut cependant pas se fixer de limites et souhaite encore progresser afin de "pratiquer le plus beau judo qui puisse exister". Ambitieux, il aspire à étoffer un palmarès déjà bien garni.
Teddy Riner espère se forger un palmarès énorme. (Reuters)
Teddy, comment avez-vous appréhendé ces Championnats du monde ?
Je n'avais pas beaucoup de pression car je m'étais entraîné avec des gars « relous » et dans des schémas qui me posent des problèmes et cela m'a conforté. Quand j'ai vu que les autres chutaient et n'avaient pas de médaille, cela a ajouté de la pression. D'ailleurs, pour moi, le plus dur c'est l'attente. Il ne faut pas trop s'évader pour ne pas sortir de sa compétition et ne pas perdre d'énergie. Je vais voir les copains mais je continue à m'entraîner, à courir, à faire des siestes.
C'est vrai que le jour J, j'étais pressé...
Justement, comment avez-vous vécu ce tournoi ?
C'était un peu bizarre car je suis tombé contre des mecs que je n'avais jamais pris et du coup, je ne savais pas ce qu'ils avaient sous le pied. J'ai commencé par un -100kg (Osnasch) et je savais qu'il fallait que je devais descendre sur les cannes et que je reste bien concentré. J'ai bien fait car à un moment donné, il a lancé une attaque et j'ai répondu. Toute la journée, j'ai su rester concentré, lucide et précis.
Concentration et lucidité n'étaient pas vos qualités premières...
Mon judo évolue avec les compétitions. Au début, j'étais jeune et junior, désormais je m'établis, je connais les erreurs à ne pas faire. Dans un quart de finale, il ne faut pas prendre de risque, être
intelligent et ne pas tout donner pour ne pas se mettre en danger. Il faut être plus malin que l'adversaire. Contre Padar (en quarts de finale), je savais que le combat se jouerait sur les mains. Dès la fin du combat, j'ai fait appel au kiné pour me masser les bras ! Padar comme Bryson attendaient le contre et avec eux, d'habitude, ça passe.
Comment gérez-vous le fait que la concurrence étudie beaucoup votre judo ?
Dans ma tête, je sais qu'on me regarde, j'essaye d'y penser le moins possible et d'imposer mon judo, de travailler des nouveautés. J'aime la manière avec laquelle on travaille avec mon entraîneur.
"Mon rêve ? Gagner avec la manière"
Etes-vous satisfait des nouveautés travaillées avant les Mondiaux ?
Oui, je suis très content. Ça me conforte de travailler quelque chose et que ça marche. Je me sens de mieux en mieux et si je n'arrive pas à rentrer une technique, j'en passe une autre. J'ai plusieurs cordes à mon arc avec la vitesse, l'agressivité, les attaques et le gabarit.
Qu'est-ce que cela vous fait d'être devenu une référence mondiale ?
Je l'assume en travaillant. Je vais partir en vacances mais après je vais revenir et ce sera entraînement en hygiène de vie. J'essaye d'arriver sur chaque compétition au top avec à chaque fois une nouveauté technique.
Quel est votre rêve aujourd'hui ?
Gagner des grosses médailles avec la manière, pratiquer le plus beau judo qui puisse exister avec de belles attaques et tout gagner par ippon.
Parmi votre marge de progression, il y avait aussi le newasa (combat au sol). Avez-vous progressé dans ce secteur ?
Je progresse. Il n'y a pas si longtemps au sol, je me retournais et c'était fini. Aujourd'hui, c'est rare qu'on puisse me mettre ippon. C'est déjà rare que je laisse travailler. Je ne suis pas comme Jossinet qui mise sur le travail au sol mais si je n'y arrive pas debout, je vais au sol. Au premier tour, j'ai eu une ouverture et j'allais tenter un étranglement mais l'arbitre est intervenu.
Quel type de judo vous inspire ?
J'aime le judo droit, uchimata, arai goshi, le judo japonais et notamment Kosei Inoue. Lui, il est relâché, présent et quand il attaque c'est waza ari au minimum ! C'est jouissif quand tu arrives à
soulever le point de gravité de l'adversaire. C'est comme marquer un but.
Comment faites-vous pour continuer à progresser alors que vous êtes le numéro 1 ?
Mais il y a du monde en France. Et de toute façon quand j'en ai marre de mettre les bras contre les gros, je vais voir les légers. Avec eux, ça va vite et je travaille les déplacements. J'aime la diversité, jouer avec les légers et ne pas combattre qu'avec les lourds.
Que représente le fait de posséder trois couronnes mondiales ?
Cela représente beaucoup de travail, une passion. Cela prouve que même en étant jeune on peut y arriver, il faut simplement s'en donner les moyens. Plus jeune à l'Insep, je me disais que j'avais le temps et puis j'ai eu un déclic et c'était parti.
C'était quand ce déclic ?
Lors de ma défaite contre Mathieu Bataille (finale du championnat de France 2007). Ensuite j'ai fait troisième au tournoi de Paris, de Hambourg et puis champion d'Europe et du monde et c'était parti. Après la défaite contre Mathieu, j'ai travaillé le positionnement des mains avec Stéphane Frémont et ça a été un déclic.
"J'aimerai bien être champion de France par équipe"
Comment avez-vous vécu ces Mondiaux pour l'équipe de France ?
J'étais dégoûté pour les mecs car on est une équipe soudée, il n'y a pas d'embrouille, on rigole, c'est un bon groupe. Je suis déçu car il y a le niveau. Dimitri (Dragin) avec la saison qu'il fait... Je
sentais qu'il revenait bien. Darbelet, il a montré qu'il était là, il menait waza ari et yuko et il se relâche quelques secondes et l'adversaire le prend au bon moment. Il n'était pas plus fort.
Avez-vous analysez le combat perdu contre Tangriev lors des Jeux Olympiques ?
Je l'ai vu trois ou quatre fois, même récemment et je me suis trouvé ridicule, nul, zéro. Je l'ai repris par la suite, je l'ai bien bougé et à la fin il était mort. C'était ma revanche. Pendant la prolongation, il a montré qu'il était là.
On parle parfois de passer à autre chose. Est-ce que cela vous surprend ?
Non, c'est parce que je suis jeune, que je n'ai que 20 ans. Cela prouve que tous les jeunes de mon âge peuvent encore devenir des champions. Si je veux, je peux débuter un autre sport. Mais là, je suis bien, le judo fait partie de ma vie. J'ai encore envie de randoris.
Vous venez de changer officiellement de club en rejoignant Levallois, qu'est-ce que cela va changer ?
Je quitte mon entraîneur de toujours Serge Dyot. Mais je m'entraîne souvent à l'Insep donc ça ne va pas beaucoup changer. Je serais avec des mecs que je vois souvent car il y a beaucoup de gens de Levallois à l'Insep. Je vais aussi pouvoir étoffer mon palmarès avec des titres par équipe car là je n'ai que des titres en individuel. J'aimerai bien être champion de France par équipe et avoir le bouclier. Ce n'est pas que le titre, c'est aussi une aventure humaine.
http://www.sports.fr/cmc/omnisports/200936/riner-j-ai-encore-envie_243145.html
Basket, hand, free fight... Riner veut tout essayer
Le judoka français Teddy Riner, le 30 août à Rotterdam, lors de sa victoire en finale des championnats du monde./M.Kooren/REUTERS
EN BREF - Le champion du monde de judo se verrait bien tester une autre discipline...
Le voilà frappé du syndrome Usain Bolt. Trop fort et déjà poussé à relever de nouveaux défis dans d'autres disciplines. A 20 ans, Teddy Riner est déjà triple champion du monde de judo et le colosse du judo français à l'air de trouver les tatamis trop étroits à pour lui. Il n'a ainsi jamais caché son attirance pour le basket. Interrogé par L'Equipe, Riner estime même qu'il pourrait jouer en Pro A un jour. «Avec beaucoup d'entraînement, je crois que je pourrais y parvenir en l'espace de deux ou trois ans», lâche le colosse. Le Guadeloupéen se dit aussi attiré par le hand.
En attendant, Riner pense plutôt chercher un peu de nouveauté du côté du free-fight, un sport un peu moins policé que le judo - et surtout beaucoup plus rémunérateur - dans lequel le champion olympique 2008, le Japonais Ishii s'est reconverti récemment. Riner aurait reçu un coup de téléphone de son adversaire qui souhaite absolument en découdre avec lui. «on a jamais pu se croiser sur un tatami. Ça nous manque, confie Riner à L'Equipe. Si la fédération de son sport ne
l'autorise pas à monter sur un tatami, j'irai le défier dans son sport.»
la rédaction sport
http://www.20minutes.fr/article/344660/Sport-Basket-hand-free-fight-Riner-veut-tout-essayer.php
Riner a créé la polémique...
Mardi, le champion du monde des lourds a créé un malaise en annonçant à l'Equipe qu'il se verrait bien faire du free fight.
Il y a le feu au lac à la Fédération française de judo (FFJDA).
Revenus des championnats du monde à Rotterdam avec deux médailles d'or seulement et une de bronze, les bleus font triste mine et le bilan est relativement mauvais. «Il me faut des battants, des vrais», pestait René Rambier dimanche. Et il allait être servi par . Teddy Riner, qui n'avait pourtant rien à se reprocher. Mardi, le champion du monde des lourds a révélé dans les colonnes du quotidien sportif L'Equipe qu'il aimerait combattre contre le champion olympique en titre de sa
catégorie, le Japonais Satoshi Ishii, converti depuis au combat libre. «Il m'a appelé récemment, certifiait Teddy Riner. On n'a jamais pu se croiser sur un tatami. Ça nous manque. Si la Fédération de son pays ne l'autorise pas, j'irai le défier dans son sport.»
Une mayonnaise qui prend
«Pour la Fédération, ça ne serait pas bon du tout, tranche sans détours Jean-Luc Rougé, le président de la FFJDA. Je comprends qu'il veuille se donner des défis, mais nous formons des athlètes au respect et on ne peut pas cautionner un sport où l'on veut détruire l'autre.»
Même son de cloche du côté de Thierry Rey, président du Lagardère Paris Racing: «Pour moi, c'est spontané sans être mûrement réfléchi. Et puis, il a 20 ans. Tout le monde le voit grand mais c'est un gamin.» Pas d'affolement à la Fédération qui en vu d'autres: «Il a dit ça sans trop penser à ce qu'il disait. Et les journalistes font monter la mayonnaise sans même avoir cassé les oeufs...»
Florent Bouteiller
http://www.20minutes.fr/article/344728/Sport-Le-judo-pas-assez-costaud-pour-Riner.php
JUDO - Thierry Rey, directeur du développement et du haut niveau au Lagardère Paris Racing, réagit à l'annonce de Teddy Riner...
Le double champion Teddy Riner a annoncé ce matin dans l'Equipe qu'il pourrait faire du combat libre pour défier le champion du monde des + 100 kg, le Japonais Satoshi Ishii.
Quelle a été votre réaction en lisant l'article sur Teddy ce matin?
Il a fallu que je me pose quelques minutes. J'ai été très surpris. Qu'il tente d'intégrer le XV de France ou de jouer en Pro A, pourquoi pas, mais là... Voilà un athlète qui vient de devenir champion du monde et qui au lendemain de sa victoire, s'enflamme. Il pratique un sport olympique superbe et il voudrait pratiquer un sport interdit dans plusieurs pays du monde (notamment en France) car trop violent ? Il y a quelque chose qui cloche. Pour moi, c'est spontané sans être mûrement réfléchi. Et puis, il a 20 ans. Tout le monde le voit grand mais c'est un gamin.
Pour vous, ce serait donc un effet d'annonce, rien de plus?
Je ne sais pas. Il y a peut-être eu une provocation et comme il est sanguin, il a voulu y répondre. Maintenant, je crois qu'il ne faut pas monter le truc en épingle, nous les journalistes. Il faut surtout
qu'il réfléchisse.
Le fait que la star du judo se mette au Free Fight peut-il être bénéfique pour votre sport?
Sûrement pas. Il le fera pour lui, pour gagner plus d'argent, mais le judo n'aura rien à y gagner. Ne soyons pas dupes. C'est le système qui crée des situations aussi délirantes. Les judokas s'entraînent dur, souvent dans l'ombre, et ils gagnent peu d'argent. Alors, on voit tout de suite la motivation. En trois combats, les mecs qui décident de monter sur un ring pour se canarder se mettent à l'abri pour toute leur vie... Alors bien sûr, c'est tentant. Je ne dis pas qu'il faut être un paragon de vertu, suivre le Code moral à le lettre parce que sinon, on devient moine. Je crois en revanche qu'il y a un juste milieu et des questions à se poser sur le sens de sa carrière.
Visiblement, il éprouve une certaine lassitude dans sa catégorie?
C'est vrai qu'aucun adversaire ne faisait le poids face à lui à Rotterdam. Il avait une démarche tacticienne au sortir de sa victoire et pour moi, c'était positif. Par ailleurs, si la concurrence a été
faible aux championnats du monde, elle va se muscler d'année en année avec la machine des Jeux olympiques qui va se mettre en route. Enfin, même si Teddy a un palmarès superbe pour son âge, il a encore beaucoup de technique à acquérir. Avant de prendre une quelconque décision, il faut qu'il soit cinq fois champion du monde et champion olympique. Après, il pourra se fixer des challenges. S'il veut se les fixer maintenant, personne ne l'en empêche...
Propos recueillis par Florent Bouteiller
http://www.20minutes.fr/article/344704/Sport-Thierry-Rey-Riner-en-free-fight-C-est-spontane-sans-etre-murement-reflechi.php