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| La Croche en détail - Revue de presse (1991-2011 et au-delà) | |
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La Réunion s'agrippe à la croche
Article du journal Le Monde Jérôme Sanchez, instituteur depuis quinze ans à La Réunion, raconte pour Au Tapis ! sa rencontre avec la croche, une lutte traditionnelle tombée en désuétude depuis de nombreuses années. Ce passionné d’arts martiaux s’est démené pour en réhabiliter la pratique. Nous sommes au début des années 2000. Instituteur installé en métropole, j’ai à peine 27 ans quand je pose mes valises sur l’île de la Réunion. Pratiquant d’arts martiaux depuis ma plus tendre enfance, je m’inscris un peu par hasard dans un club de lutte olympique : l’Académie La Croche de Saint-Paul. D’emblée, le courant passe avec le propriétaire des lieux, Patrick Blanca. A quarante ans bien sonnés, ce Créole en paraît dix de moins. Et sa silhouette athlétique interpelle. Ses muscles semblent taillés comme des lames de couteaux, secs et filandreux, sans excroissance disgracieuse. De là provient cette souplesse étonnante qui lui permet de faire un grand écart à la verticale sur un mur. Son métissage est à l’image de la Réunion : un melting pot où le sang de l’Afrique, de l’Europe et de l’Inde semble avoir trouvé son point de chute. Si les racines du métis paraissent venir du fond des âges, son parcours martial est, lui aussi, des plus éclectiques : sambo, yoseikan budo et luttes olympiques. Et quand naïvement je lui demande d’où vient le nom « chantant » de sa salle pourtant dédiée aux arts martiaux et sports de combat, il répond, goguenard : « La croche c’est la forme de lutte qui a égayé mon enfance. J’y jouais avec mes camarades, sur le sable en bord de mer ou sur l’herbe dans les jardins publics. » « Quelles peuvent bien être les différences entre cette lutte réunionnaise et les styles olympiques (lutte libre et lutte gréco-romaine) ? » La question traverse mon esprit avant que je me décide à lui en toucher deux mots. « La différence ? Rien de plus simple : le combat ne s’arrêtait pas au sol, explique Patrick Blanca. On continuait jusqu’à ce qu’un des deux dise "La paix !" ou bien "Arrête !" quand il était contrôlé par une prise douloureuse. » Quelques démonstrations techniques viennent éclairer son récit. Immédiatement, je reconnais les clés articulaires et les étranglements. Ceux-là mêmes que j’avais appris en pratiquant le judo, le ju-jitsu ou le jiu-jitsu brésilien. La curiosité s’intensifie ! Il me faut vite épancher ma soif de savoir et rencontrer d’anciens crocheurs. A la recherche des anciens Patrick Blanca, qui était le plus jeune du dernier groupe de crocheurs saint-paulois, réunit ses anciens camarades de jeu. Ces quadragénaires et quinquagénaires sont surpris, pas très rassurés de l’intérêt qu’un étranger porte à leur jeu longtemps pratiqué. L’échange s’installe et la confiance naît progressivement. Chacun révèle, non sans un certain plaisir, sa « spéciale », sa technique de projection favorite ou celle qui lui permettait d’obtenir la victoire une fois au sol. De tous les témoignages recueillis, il ressort que tous les Créoles d’au moins 50 ans ont pratiqué la croche dans leur jeunesse mais qu’aucun Réunionnais aujourd’hui en âge de pratiquer des sports de combat (c’est-à-dire autour de 20 ans) n’en connaît l’existence. Pire, après une recherche bibliographique, il apparaît qu’aucun ouvrage n’a été consacré à ce sujet. A peine une inscription dans un dictionnaire français/créole des années 1980 ! Si rien n’est entrepris, la croche aura très bientôt disparu, définitivement oubliée. Ce qui n’était jusqu’alors que curiosité se transforme en passion. La découverte devient un engagement. Renaissance d’un sport traditionnel Pendant trois années, des centaines de témoignages sont épluchés, des dizaines de techniques identifiées et classées en planches techniques. Nous rencontrons des témoins âgés de plus de 90 ans. Certains attestent même que la croche était pratiquée au moins depuis la fin du XIXe siècle. Une carte postale de 1905 certifie en tout cas qu’elle l’était au tout début du XXe siècle. A ce stade, la rencontre avec Frédéric Rubio est déterminante. Cet expert auprès de la FILA (Fédération Internationale des Luttes Associées) et de la Confejes (branche sportive de la Francophonie) a milité pendant plus de quinze ans pour la survie des luttes traditionnelles en Afrique. Jadis basé au Sénégal, il a synthétisé les différents styles de lutte africaine pour leur permettre de résister à la déferlante du football. C’est Frédéric Rubio lui-même qui va analyser les techniques et les pratiques de la croche pour rédiger une règlementation alliant la tradition et modernité (catégories de poids, durée des combats limitée, etc.). Cette règlementation est limpide : une projection vaut un point, une immobilisation un point, et la victoire peut s’obtenir avant la limite du temps règlementaire en cas de renoncement de l’adversaire ou d’arrêt de l’arbitre. Un livre est publié en 2006 dans une maison d’édition locale, Azalées, avec une préface du président de la FILA lui-même : Raphaël Martinetti. C’est une reconnaissance institutionnelle mais il reste désormais le travail de terrain : former des cadres, ouvrir des clubs et organiser les premières rencontres sportives officielles (interclubs en 2007 et championnats régionaux en 2008). Grandir pour ne pas mourir Reconnue par la FILA comme lutte traditionnelle de la Réunion, la croche n’en demeure pas moins au stade embryonnaire. Six clubs seulement sur l’île de la Réunion … et donc dans le monde. Elle reste très fragile. Pour ne pas disparaître, elle doit s’exporter. Chose possible dans la mesure où les règles sont simples, accessibles à n’importe quel public, et qu’elle se situe à la jonction entre la lutte olympique (saisies sur le corps et non sur les vêtements) et le judo (usage de toute la gamme technique au sol, les ne-waza). La première rencontre internationale aura lieu le 22 janvier 2012, au Centre National de Lutte de Vacoas, à l’île Maurice. Ainsi seront organisés les premiers championnats de l’océan Indien de Croche. Parfois, il suffit d’un passionné et d’une poignée d’ancêtres pour faire revivre la flamme. Souvenons-nous d’un certain Jigoro Kano qui avait fait un rêve dans les années 1880. Un rêve nommé judo qui a su s'exporter aux quatre coins du monde et rencontrer le succès qu'on lui connaît aujourd'hui. Jérôme Sanchez, un instituteur fondu d'arts martiaux Jérôme Sanchez, 42 ans, est professeur des écoles sur l'île de la Réunion, après une brève carrière d'ingénieur en France métropolitaine. Il a commencé la pratique des arts martiaux dès l'âge de 6-8 ans avec le judo, puis la boxe française et le kick-boxing. Il se passionne pour tous les sports de combat, leur histoire et leurs plus grands champions depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. Installé à la Réunion en 1996, il a pratiqué le ju-jitsu sportif, le jiu-jitsu brésilien, les luttes olympiques, le muay thaï et le muay boran avant de découvrir la croche, la lutte traditionnelle réunionnaise alors en voie de disparition. Depuis 2002, il contribue à réhabiliter la croche par l'écriture d'un livre (2006), la création de clubs et l'organisation imminente d'une première compétition internationale (2012).
Article du Quotidien de la Réunion 17/12/2014 Article du Quotidien de la Réunion 17/10/2014 Dans le Quotidien de la Réunion - jeudi 25/09/14 Dans le Quotidien de la Réunion - jeudi 22/05/14 La Croche sur RFO Katiana Castelnau et son équipe de l'émission Kap ou pas kap nous ont rendu visite à l'Académie La Croche pour faire une surprise à Monsieur le Maire de Bras Panon. Daniel Gonthier s'est aimablement prêté au jeu et a apprécié la démonstration de croche effectuée par les membres de l'Académie parmi lesquels Patrick Blanca, Jean-Pierre Tarley et Daniel Maurer.
Voici les horaires des diffusions sur RFO : - lundi 10 mai - mercredi 12 mai - et vendredi 14 mai à 12h00 dans le Mag qui se déroule en 3 modules. L'intégralité de l'émission : - vendredi 22h30 (14 mai) - samedi 19h30 (15 mai) - et dimanche 14h45 (16 mai) de la même semaine. Des démonstrations sont déjà envisagées à Bras-Panon, ce qui permettrait de faire un peu plus connaître notre discipline traditionnelle réunionnaise "la croche" aux habitants de l'est ; tout en rappelant que le CLSS de Sainte-Suzanne, de Jocelyn Ramsamy-Mouti, et le Nikla's Sport Center d'Henri Latouze ont déjà enseigné ce sport dans l'est de la Réunion. La Croche dans le Quotidien des Jeunes
LUTTE : J-1 des premiers championnats de "LA CROCHE" 01.06.08 . http://www.aazsport.com/index.php?id=181&tx_ttnews[tt_news]=1307&tx_ttnews[backPid]=46&cHash=d752569780 LUTTE : Premiers championnats de La Réunion de "Croche" 01.06.08 . http://www.aazsport.com/index.php?id=181&tx_ttnews[tt_news]=1298&tx_ttnews[backPid]=46&cHash=a97b216a78 Les média s'intéressent à l'action de l'AS La Croche. Archipel n°34 de février 2007 Patrick Blanca, enfant de la Croche Le Quotidien de la Réunion du 20 janvier 2007 dédicace une page entière à Patrick Blanca, animateur sportif pour la commune (spécialisé "la croche et luttes olympiques") qui raconte le Saint-Paul de son enfance sans oublier l'activité dont il s'est fait le "Sarda Garriga" (pour reprendre l'expression de François Perraut : la Croche (voir l'encart "Enfant de la croche").
Dans le Télémag n°511 du 16 mai 2006 Le magazine Télémag Réunion se fait écho de la sortie du livre "La Croche - Lutte traditionnelle réunionnaise" dans son numéro 511 du 16 mai 2006 (avec toute l'équipe de "Jardinot & Co" en couverture).
Dans les archives de 1991 ... Sur la piste de "la Croche" |
| Dans un article du Quotidien (de l'île de la Réunion) daté du 18 mars 1991, intitulé "George Carbasse, Sur la piste de la croche ", ce cadre national disait au journaliste Jean Mesnard : "Dans chaque pays, la lutte existe, avec des variantes créées par les traditions. Il faut partir de là. Ici, j'ai entendu parler de "la croche", une forme de lutte traditionnelle. Mettons nous à la recherche de la "croche" ... | | Ses propos étaient d'ailleurs confirmés par Bernard Sabatier dans un magazine local (de la même année) qui saluait la création récente du Comité Régional de Lutte de la Réunion : "A la Réunion, la forme de lutte la plus connue n'est autre que "la croche"." 15 années après la déclaration de George Carbasse, le travail de recherche a abouti. Un livre entier est consacré à la croche, la lutte traditionnelle réunionnaise. Patrick Blanca, professeur de lutte, Frédéric Rubio, expert auprès de la CONFEJES et de la FILA et Jérôme Sanchez, ont effectué ce travail de recherche dont il parlait, de synthèse des nombreux témoignages et une règlementation/codification a émergé, compatible avec les règles des luttes olympiques. Le livre a même été présenté à la FFL, ce 28 avril 2006, par René Mardaye, président du Comité Régional de Lutte de la Réunion. Espérons que cette discipline recevra le meilleur accueil de la part de la FFL (c'est-à-dire une reconnaissance équivalente à celle du Gouren, par exemple) avec les développements que cela implique. | |
COURRIER DES LECTEURS: La croche ... [18 avril 2006] |
| A deux pas de la boutique du chinois, il a lancé le défi à l’ensemble des dalons assis sur le muret. Ce jour-là, celui qui donna son accord était loin de se douter de la suite des événements. Le cercle formé, la virilité de la première empoignade retentit dans tout le quartier. Les connaisseurs comprirent tout de suite que les corps allaient souffrir. " Soukali " puis " bat-à-terre ", la " clef malgache " souleva le bras opposé et le claquement qui s’en suivit éteignit d’un coup les encouragements des spectateurs : la grimace de douleur était le signe d’une véritable luxation de l’épaule. A cette époque-là, Sainte-Marie abritait seulement un médecin. Le vainqueur n’hésita pas une seconde, chargea son ami sur le dos et gravit comme un seul homme toute la Grande Montée. 5 Km après, le blessé était entre les mains du docteur des hauts. Joutes amicales en toute combativité, avec le souci d’obtenir " lapé " et de ne jamais (sauf accident) attenter à l’intégrité physique de l’adversaire, les marmailles et les jeunes hommes de l’île adoraient s’adonner à ce type de pratique qui nécessitait courage, technique et loyauté. A la nuit tombée, lorsque mon père désirait vraiment m’endormir, il s’asseyait au bord du lit et me racontait des histoires plus ou moins vécues de combats extraordinaires. Trapu et rapide, son passage arrière suivi d’une immobilisation à terre était redouté de Saint-Denis à Sainte-Suzanne. Ainsi se pratiquait " la croche " jusqu’aux années 1960-70. La télévision puis les sports modernes ont débarqué avec la départementalisation reléguant petit à petit la majorité de nos coutumes au rang d’activité " lontan ". L’identité d’un peuple se construit les pieds fortement ancrés au sol et la tête au -dessus des nuages : maloya, séga, rougail et parler créole se sont adaptés en s’enrichissant de cultures diverses. L’imagination propre à l’espèce humaine a su inventer des sonorités, des saveurs, des mots nouveaux et les activités ludiques mettant en jeu le corps se sont transformées en disciplines sportives. Il paraît que " la croche " serait sur le point de renaître quelque part du côté de Saint-Paul. Si mon père était encore de ce monde, il en profiterait pour me conter à nouveau l’histoire de " Ti clou ", le menuisier de la croisée qui de trois vieilles planches était capable de refaire un meuble-colon grâce à son savoir-faire et son esprit novateur. " La croche ", sport d’hier et de demain : à deux pas de la grotte des premiers Français, des rêveurs " y tire "... Lambi |
La Croche était à l'honneur dans "L'archipel - Le magazine de Saint-Paul", numéro de décembre 2005 : - la couverture qui titre "La Croche à Saint-Paul : 100% réunionnais" - et un article en page 5 qui décrit ce sport comme élément incontournable du patrimoine réunionnais.
RÉUNION Allons jouer à la croche ! Longtemps délaissée au profit du catch et les divers arts martiaux importés d’Asie, la croche, joute conviviale d’antan, se laisse redécouvrir par des Réunionnais enthousiastes.
Les jeux-longtemps – au même titre que les “z’histoires” et les sirandanes – s’inscrivent dans les traditions populaires qui enrichissent le patrimoine culturel en perpétuel mouvement. Ainsi de la croche, joute conviviale, qu’il importe de sauvegarder et que quelques irréductibles s’appliquent à faire redécouvrir.
Avant d’être délaissée au profit des sports importés (judo, karaté, kung-fu, etc), la croche, telle qu’elle se pratiquait il y a quatre ou cinq décennies, était une activité à la fois spontanée, indissociable de la vie de tous les jours. Activité de loisir populaire authentiquement réunionnais, ce n’était ni un sport, ni un combat, ni un art, mais simplement un jeu, un divertissement, à deux, entre amis. Une lutte innocente, pour jouer, pour manifester l’amitié en se touchant. Et, à ce titre, bien évidemment sans se faire mal. Sans véritables règles non plus. Avec ses ficelles, ses tactiques – en un mot, avec ses saveurs.
C’était un jeu qui réapparaissait par saison, comme ceux de cannettes, de cadoques, de “toupies” et autres feuille verte ou la main dann poche. En tant que lutte, qu’on se le dise, la croche n’a rien à voir avec le moringue, forme de combat d’origine africaine et apparentée à la capoeira brésilienne. C’est la lutte sans les frappes. Les marmailles (frères... et sœurs, voisins, camarades de classe) la pratiquaient jusqu’à l’adolescence, dans la cour de l’école durant les récréations (sans forcément que les maîtres et maîtresses ne leur fassent de remontrances), ou autour de la case après les classes (avec l’assentiment des parents, ... une fois les corvées terminées, cela s’entend), ou aux abords de la boutique (au retour des commissions), ou bien sur le terrain de foot, voire sur la plage, pendant les vacances. Pour beaucoup d’anciens, actuels quinquagénaires, la croche, c’était - même s’ils se refusent à parler de sport - “le sport de leur jeunesse”, nous disent avec nostalgie la plupart de ceux avec qui nous l’avons évoquée.
“C’était une façon de se mesurer entre gamins d’à peu près le même âge. Montrer sa force, son agilité, ce qu’on savait faire.” Il s’agissait de s’empoigner, de faire plier l’autre, de le bloquer au sol et ainsi de l’amener à se soumettre, à reconnaître que vous étiez plus fort que lui. Alors, le soumis criait “Arrête ! Tire ! La paix !” Et le vainqueur le libérait. Ils se congratulaient aussitôt, comme pour bien montrer qu’il ne s’agissait que d’un jeu, que le moment de fraternelle hostilité était terminée. Aucun ne gardait rancune”, racontent-ils.
Entre tradition et modernité
Grâce à la tradition orale et à la passion d’une poignée d’irréductibles qui ont souhaité faire œuvre de mémoire, la croche revit aujourd’hui. Au sein de clubs. Non plus comme un loisir, mais comme un véritable sport de combat moderne. Avec, en conséquence, des codes, des règles désormais définies. Un sport... noble, ouvert à tous, enfants et adultes, qui est en passe d’obtenir sa reconnaissance, puisqu’il est même devenu une discipline éducative et donc enseignée depuis mars dernier. La mairie de Saint-Paul a détaché à temps plein Pascal Blanca pour l’enseignement de la croche dans les écoles.
Bref, une discipline tout aussi conviviale qu’autrefois et qui concilie tradition et modernité. Le Saint-Paulois se souvient de la croche de ses jeunes années. Bien des années plus tard, il s’est lancé, nous dit-il, dans l’apprentissage du sambo, un sport de combat qui allie la lutte libre et le judo russe. Dans le même temps, il croit déceler les “techniques” de la croche dans des bagarres de rue auxquelles il lui est donné d’assister. Avec Jérôme Sanchez, il recherche des témoignages d’anciens, note les résultats de sa collecte, compare, recense les techniques et méthodes, codifie les gestes.
Avec Frédéric Rubio, itinérant de la Fédération française de lutte, expert en luttes traditionnelles africaines (il a passé quinze ans à recenser toutes les luttes traditionnelles pratiquées dans les différents villages du Sénégal), tous trois s’attèlent à l’élaboration d’un livre, qui vient de sortir et est déjà reconnu comme un ouvrage de référence. C’est leur combat contre l’oubli, disent-ils.
Grâce à leurs recherches, patientes et obstinées, nous pouvons affirmer que la croche se pratiquait déjà au tout début du XXe, voire vers la fin du XIXe siècle, partout dans l’île. “Dans les hauts, depuis toujours”, rapportent certains. “Dans les cours d’usines sucrières” aussi, selon d’autres. Parmi eux, des Malgaches et des Comoriens, qui soutiennent que cette pratique était bien ancrée au sein de leurs communautés. Elle brassait d’ailleurs toutes les communautés ethniques et toutes les classes sociales de l’île, confirment tous les témoins.
Quant aux origines de la pratique, les hypothèses avancées se contredisent. Beaucoup de gens pensent que la croche est véritablement née dans l’île. Peut-être au contact d’immigrants malgaches ou africains – la Réunion n’est-elle pas depuis toujours perméable à tout ce qui vient de l’extérieur ? Il est vrai que dans la société traditionnelle malgache les jeux de lutte, essentiellement paysanne, réglaient le quotidien des villages. Ils se déroulaient à l’occasion de cérémonies dans les fêtes coutumières
“Au cours du daka ou diamanga, sur les Hauts Plateaux, les combattants cherchent à se frapper et/ou se déséquilibrer uniquement en se servant des pieds et des jambes”, selon le Manuel de lutte africaine. Mais la croche ne peut être apparentée à de tels jeux ou combats quand bien même cordiaux, puisqu’elle excluait les frappes. Elle n’avait pour but que d’amener le lutteur adverse au sol, pour le soumettre verbalement, grâce à l’agilité, la force, voire la ruse, mais jamais par des coups. La transmission se faisait à l’intérieur– même des familles, de père en fils et de frère en frère, également de frère en sœur et de sœur en sœur, et de camarade de jeux en camarade de jeux.
Chacun peaufinant ses ficelles, inventant les techniques. Exception qui confirme la règle, citent Patrick Blanca, Frédéric Rubio et Jérôme Sanchez, un M. Rousse de Saint-Paul, crocheur juste après la seconde guerre, disposait de... son propre entraîneur en la personne de Bras Daniel. Autre indication, certains crocheurs, eu égard à leur renommée, à leur technique ou à leur force, s’affublaient de surnoms comme Tit boeuf. Il arrivait parfois que l’agressivité prenne le dessus, un des crocheurs en profitant pour régler un différend, ou a contrario que l’un d’eux soit trop susceptible, le perdant évidemment.
D’un commun accord, les lutteurs savaient s’arrêter à temps et faire la paix. Si la croche était un jeu d’enfants, il arrivait aussi que des adultes s’y mettent, peut-être par nostalgie de leurs jeunes années. Toujours avec des camarades de leur même classe d’âge. Plus rarement, un adulte défiait un adolescent particulièrement fort ou habile : c’était pour rappeler qu’il avait connu son heure de gloire et peut-être montrer qu’il n’avait rien perdu de sa vigueur.
Origine réunionnaise établie
À l’Académie de la croche, les jeunes enfants apprennent les techniques recensées. Les dénominations d’autrefois comme cales (crocs-en-jambe ou balayages) sont toujours valables, certes, améliorées, précisées. Ainsi, attraper les deux pattes désigne un ramassement de jambes à partir de la position debout, tandis que serrer les jambes est valable pour des ciseaux au sol pour par exemple couper la respiration. Tirer derrière la tête ou pousser la tête vers le bas est utilisé pour déséquilibrer le partenaire.
Chaque lutteur possède ses propres techniques, ses bottes secrètes. Les bras dann collet (saisies au cou) ou tranglements (clés de bras ou de pieds) et autres immobilisations en croix permettent d’annoncer la victoire. Des techniques de soumission qui sont propres à d’autres disciplines comme le judo.
Traditionnellement, la croche n’avait pas de règles bien établies. Sans être codifiée, elle était réinventée à chaque saison, dans chaque quartier et par chaque génération. Il était toutefois précisé que les actes violents étaient exclus et les fautifs étaient écartés et ne trouvaient plus de partenaires.
Ainsi, pas de coups ni de morsures. Il n’était pas non plus question de tirer sur les vêtements, pour... ne pas les déchirer et ainsi éviter les corrections parentales. La lutte démarrait toujours debout, bras tendus. Et elle prenait fin quand, une fois les adversaires à terre, le plus mal en point, le souffle coupé, battait la main à terre, ou avait la force de crier “Arrête !” ou “Tire !” ou “La paix !”. Sans qu’il y ait de durée pré-établie, cela pouvait durer de quelques minutes à un long temps, c’est-à-dire tant qu’un crocheur ne s’avouait pas vaincu et pouvait encore lutter sans avoir le souffle coupé. Aux dires de certains gramounes, il pouvait y avoir plusieurs rounds, comme au catch.
C’est justement le catch, le judo et les divers arts martiaux importés d’Asie, ainsi que le renouveau du moringue, discipline pratiquée entre z’hommes (entendez, entre adultes), pouvant être violente, qui ont éclipsé la croche, dans les années soixante-dix. Et même si l’origine réunionnaise de la croche semble établie, il n’est pas impossible que des crocheurs se soient laissés influencer par certains sports de combat récemment arrivés dans l’île, outre des techniques de luttes traditionnelles malgaches. Il est permis de constater que la société de consommation a tué la société traditionnelle.
Clicanoo.com
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contact@aazsport.com Categorie: Lutte Ce dimanche 1er juin de 9h à 18h à l'Etang St Paul se tiendront les premiers Championnats de la Réunion de lutte traditionnelle réunionnaise "La Croche".
La croche est la forme traditionnelle de lutte de La Réunion. Elle est née à La Réunion au 19ème siècle. Sa réhabilitation a commencé il y a six ans et elle arrive enfin à maturité avec l'organisation de ces championnats. Lieu de compétition Salle de danse et d'arts martiaux 33 rue La Croix Etang St Paul Catégories de poids 55kg 60kg 66kg 74kg 84kg 96kg 120kg Récompenses Les trois premiers de chaque catégorie recevront une médaille et le champion un diplôme supplémentaire orné du logo du Comité Régional de lutte de La Réunion. contact@aazsport.com Categorie: Lutte Voici la liste des participants aux premiers championnats de la Croche qui se dérouleront ce dimanche 1er juin à l'Etang St Paul à partir de 9h00.
Les 40 compétiteurs engagés, issus de 9 clubs différents, tous licenciés au Comité Régional de Lutte de La Réunion, sont répartis par poules de 2, 3 ou 4 combattants, avec des têtes de série (en fonction de leur palmarès en croche), dans les 7 catégories officielles des luttes olympiques. A noter la présence de 10 champions régionaux 2007 ou 2008 de lutte libre, grappling, lutte gréco-romaine, sambo combat et/ou judo. Sans oublier les 5 vainqueurs des précédents interclubs de croche. Catégorie moins de 60 kg
Poule A Nabil Timol (CK) Tony Verbard (BDN) Tête de série Stéphane Gaudins (CK) Poule B Eddy Philogène (FF) Tête de série Mathieu Bimbard (CK) Catégorie moins de 66 kg
Poule A Wilfrid Sellaye (CLPJ) Tête de série et Champion régional Redwane Ingar (CK) Alexis Bour (RKH) Poule B Romain Gamel (CK) Patrice Parmanum (CLSP) Tête de série Judickaël Admette (F1TT) Poule C Rafaël Alexandrino (FF) Frédéric Vaxelaire (CK) Vincent Germain (RKH) Josin Remanaly (F1TT) Tête de série
Catégorie moins de 74 kg Poule A
Lino Charlettine (ALC) Christian Verlissier (FF) Aurélien Fosse (FF) Tête de série Brian Smize (RKH) Champion régional Poule B Jérôme Mussard (SE) Champion Régional Willy Serveaux (FF) David Vidot (RKH) Tête de série Yves Kerenfort (CK)
Catégorie moins de 84 kg Poule A Pascal Puylaurent (F1TT) Tête de série Gérard Allouette (SE) Champion régional Boris Gamel (RKH) Poule B Johny Adelin (CLPJ) Tête de série et Champion régional Romain Paumel (CK) David Fraumens (FF)
Catégorie moins de 96 kg Poule A Yves Preira (CLSP) Tête de série et Champion régional Christophe Boyer (CLPJ) Champion régional Faniry Fanomezantsoa (FF)
Poule B Jean-Hugo Fayol (FF) Tête de série Johnny Marimoutou (SE) Champion régional Lionel Sanchez (RKH) Catégorie moins de 120 kg Poule A Michel Thazar (FF) Alexandre Hoarau (RKH) Emmanuel Sénardière (CLSP) Tête de série et Champion régional Poule B Jean-Pierre Tarley (BDN) Tête de série et Champion régional Jimmy Mahé (97kg) RKH Les Clubs CLSP : Club de Lutte de Saint-Pierre BDN : Lutte Croche Bois de Nèfles FF : Culb Sportif et Culturel Cité Hyacinthe - Free Fight RKH : Run Kyokushin Honbu – Sambo CLPJ : Club de Lutte Paul Jougla de Saint-Denis SE : Sambo de l’Est (Saint-André) F1TT : Fleurimont 1 Top Team – Grappling CK : Clan K ALC : Académie La Croche Le magazine Escale d'Air Austral n°51 (juin-août 2006) |
| consacre un article au livre "La Croche, lutte traditionnelle réunionnaise" (p.18).... En voici le texte : "La Croche, lutte créole. Beaucoup moins connue que le moringue, la croche aurait pu sombrer dans un oubli définitif sans l'obstination de quelques passionnés. Forme de lutte traditionnelle aux évidentes influences afro-malgaches, la croche a sans doute été pratiquée, comme un jeu, dès les premières décennies de peuplement de l'île. Trois spécialistes de la lutte ont collecté, dans les mémoires, les souvenirs de ces affrontements rituels. Ils se déroulaient, comme le moringue, à l'abri des regards. Sur la base de ces archives orales, les techniciens ont reconstitué les codes et les règles de ce "judo créole du pauvre". Ce petit livre réunit toutes les connaissances accumulées sur la croche et propose des outils pédagogiques pour la faire revivre. " | |
"De la Croche au menu des élus" - Le Quotidien (28 octobre 2005) | | "Une séance qui débuta d'une façon pour le moins originale avec une démonstration de lutte pays : la Croche. Après avoir jeté quelques tapis au milieu de la salle du conseil, deux lutteurs [Florent Chaussalet, de dos, et Jean-Pierre Tarley] ont fait montre de leur technique de combat. Pour l'association la Croche, il s'agissait de sensibiliser les élus saint-paulois sur un sport 100% réunionnais disparu dans les années 1970 et que quelques passionnés tentent aujourd'hui de faire revivre. Ainsi, Patrick blanca et les siens ont retrouvé les principales techniques de ce sport en interrogeant les anciens et les ont consignées dans un ouvrage dont le conseil a fait l'acquisition de 300 exemplaires". (extrait du texte signé L.B)... Lire l'article complet |
Date de création : 25/10/2005 @ 07:42
Dernière modification : 28/01/2023 @ 14:01
Catégorie : La Croche en détail
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| Réactions à cet article | |
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Réaction n°3 |
par Jeronimo
le 28/02/2009 @ 09:16 |
Février 2009 : le Quotidien des Jeunes publie un article (d'une page complète) sur deux jeunes crocheurs, des passionnés de Plateau Caillou. C'est la nouvelle génération, celle qui a failli ne jamais connaître la lutte "péi". Le travail de mémoire est accompli. Une grande fierté pour les chercheurs de l'ombre.
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Réaction n°2 |
par Jeronimo
le 03/05/2006 @ 08:51 |
Avril 2006 : Patrick Blanca a encore été invité au journal télévisé d'Antenne Réunion pour la promotion du livre sur "la croche". Cela a été l'occasion de revoir des images d'archives quand l'Académie des Arts et des Lettres avait été réunie pour assister à une démonstration de "croche" et surtout pour déterminer officiellement le nom de certaines techniques.
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Réaction n°1 |
par Jeronimo
le 26/10/2005 @ 07:33 |
Il faut également signaler plusieurs passages au journal télévisé d'Antenne Réunion (reportages de François Perraut) sans compter la récente invitation de Patrick Blanca au JT en Créole de RFO le samedi 9 octobre 2005. Un scoop : un documentaire (durée approximative 30 minutes) est en cours de réalisation et devrait être finalisé dès la fin de l'année 2005.
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A l'approche des Jeux Olympiques 2024 à Paris où lutte, escrime,
boxe, judo et taekwondo seront représentés ... et pour répondre à
l'éternelle question que se posent les fans de sports de combat et
d'arts martiaux, "Qui est le meilleur combattant de tous les temps ?",
ce livre étudie toutes les périodes historiques, de l'Antiquité jusqu'à
nos jours, toutes les grandes compétitions, tous les sports de combat
majeurs sans armes (sports de préhension, sports de percussion, arts
martiaux mixtes) et avec armes, et donne enfin les classements. Ce
livre de 800 pages (en e-book ou en 2 tomes) est le résultat de
décennies de collecte d'informations et de recherches
historiques.
Lien
pour se procurer la version numérique e-book (année 2024, 800 pages, 7,99
€ )
Ou les deux tomes en papier, couvertures rigides :
- Tome
1 (année 2024, 461 pages, 33,99€ )
- Tome
2 (année 2024, 348 pages, 28,98 € )
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