Je suis heureux du parcours accompli entre 2002 et 2009. J'ai le sentiment d'avoir contribué à la préservation d'une partie du patrimoine réunionnais : la lutte traditionnelle "la croche". Sans nos actions, elle était condamnée à mourir, oubliée par les nouvelles générations. Grâce aux nombreux témoignages, parfois émouvants, j'ai pu découvrir l'âme créole, l'histoire non-écrite de la Réunion. Je remercie infiniment tous les témoins qui ont apporté leur pierre à l'édifice; et plus particulièrement aux plus âgés d'entre eux, M. Duriès de Saint-Paul et M.Gauvin de Saint-Denis, qui dépassaient les 90 ans. Malgré mes bonnes intentions, des imbéciles m'ont reproché de m'intéresser à la croche sous prétexte que je suis "zoreil" (Français métropolitain). En suivant ce raisonnement, seuls les Hawaïens auraient le droit de faire du surf; et les Brésiliens ne devraient pas pratiquer le jiu-jitsu puisque cet art martial a été inventé par les Japonais. Heureusement, dans mon parcours, j'ai croisé beaucoup plus de personnes de qualité : - des éducateurs (Bernard Sabatier, Jean-Pascal Henrion, ..., Bertrand Boucher ...) qui font un travail remarquable auprès des collégiens et des lycéens; - des champions plein d'humilité (François Boucher, Christophe Guénot, Steeve Guénot, Royler Gracie, Nicolas Godin, ...) - des experts de stature internationale (Frédéric Rubio, Franck Gérard ...) - des personnalités des arts et des lettres (Daniel Vaxelaire, Christain Vittori, Jacquelin Farreyrol, Geneviève Sévagamy ...) - des journalistes militants, bien impliqués dans notre parcours (François Perraut ...) - et des passionnés tout en discrétion (Patrick Blanca, Jean-Pierre Tarley, Lino Charlettine, Jocelyn Ramsamy, Yves Kerenfort, Christian Verlisier ...). Ainsi, finalement, les frustrations et besoin de reconnaissance de quelques individus névrosés n'ont pas empêché la croche de "sortir du fénoir". Aujourd'hui, la lutte traditionnelle réunionnaise est reconnue au niveau international, par la FILA et son président Raphaël Martinetti, comme l'une des 250 luttes traditionnelles associées sur lesquelles s'appuient les luttes olympiques. A la Réunion, plusieurs clubs ont intégré son enseignement aux côtés de la lutte libre et de la lutte gréco-romaine : La Croche Saint-Paul, Club de Lutte de Sainte-Suzanne, Lutte Croche Bois de Nèfles, Croche + Luttes olympiques Plateau Caillou, NSC Saint-Benoît, La Croche Etang Saint-Paul, etc. Cerise(s) sur le gâteau : - la croche est utilisée comme un moyen de réinsertion, notamment au centre pénitentiaire de Domenjod, pour re-socialiser les détenus - et elle a été reçue à l'Université de la Réunion (où un mémoire pourrait être rédigé à son sujet prochainement).
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